vendredi 1 janvier 2016

2008

Dimanche 17 février, 21h50
Tôt sous la couette pour aspirer la quiétude du logis, la plume glissante et le Valparaiso inspiré de Sting. L’équilibre de vie s’affirme, dans la modestie financière certes, mais largement compensée par la douceur existentielle. Les destins de chacun m’ont éloigné de ce qui constituait toute mon existence il y a encore dix ans (enfin, un peu plus). Un tel délaissement de ma part ne peut s’expliquer que par l’extrême mal être que j’avais développé sans me l’avouer. Hypocrite rapport avec plusieurs des gens du Nord, idéologie aux relents mâchés sans conviction, presque machinalement : le faux-semblant minait toute tentative d’être en phase avec ma réalité intellectuelle, beaucoup moins monolithique que le conditionnement heïmien le laissait transparaître. Ainsi mes convictions européennes, ma défense sans concession de l’aventure Union européenne, au point de me fâcher avec Hermione. Moi, souverainiste sous influence, j’ai découvert la portée du combat des défenseurs de l’Europe, et le traité constitutionnel en a été le magnifique summum, malgré la flopée de déjections qui l’ont fait disparaître sous le Non honteux.

Lundi 25 février

Ce matin, depuis Rueil, un petit tour d’appoint sur l’actualité via Google puis un détour sur LDP qui m’informe d’un premier commentaire sous ma dernière ponte.
Stupéfaction à son ouverture : une signataire anonyme me déclare, tutoiement à l’appui, s’être retrouvée sur mes blogs et avoir été émue de me lire, même si les idées défendues ne sont pas partagées. Sombre et alarmiste tonalité lorsqu’elle confie espérer que je ne me rende plus « au château » et encore moins les éventuels enfants que j’aurais pu avoir. L’année 2002 de mon Journal à taire, mis en ligne, semble lui avoir confirmé la « folie » qui imprègne quelques figures de ceux que j’ai mis à distance par l’appellation géographico-brélienne Gens du Nord. Sans doute l’allusion aux violences de Hubert envers sa compagne… lui le salaud de magistrat qui, quinze ans plus tôt, aurait tenté de violer celle qui m’écrit treize ans après notre dernière entrevue (à Misery, dans une ambiance délétère, missionné par Heïm pour déceler le prétendu détournement de biens). Je n’ai, en effet, plus de doute lorsque ce message espère que mon histoire, avec celle que je surnomme BB, se poursuit et qu’il s’achève avec des « bisous d’une autre bb » ! ses initiales à la reprise du patronyme initial de son père, et sous lequel elle s’est mariée. Alice qui tente ce nouveau contact affectif avec moi, c’est une inénarrable émotion qui me submerge.
Avec le recul, combien mes coups de sang contre elle, jusque dans les pages de ce Journal, étaient injustifiés et ne relevaient que de la stratégique et salaude influence de Heïm qui n’aurait pas admis la moindre subsistance de lien entre ceux de son entourage, plus ou moins proche, et cette fille reniée après ses attaques contre le mythe heïmien.
Comme me reviennent les confidences de mal-être de ma sœur de cœur, notamment lors d’une promenade duale dans les terres agricoles qui s’étendent à l’arrière du château d’Au. Mes propres échecs encore chauds, ma conviction d’avoir gâché un fantastique projet de vie, m’empêchèrent de la prendre par la main pour nous affranchir de cette oppressante existence. Leborgne aura eu le mérite de lui permettre un salutaire éloignement.
Son soupir final, « que de vies gâchées », auquel j’ajoute que de liens injustement perdus, ne laisse aucun doute sur la qualité toujours présente de son extrême sensibilité. Au contraire de sa sœur Hermione qui a mis ses idées avant l’affection qui nous liait, Alice se moque de nos divergences idéologiques, du moment que l’humanité partagée peut nous rapprocher à nouveau.
Je forme le vœu qu’elle se manifeste, à mon invitation à m’écrire en privé via l’une de mes adresses e-mail.


Jeudi 28 février, 0h30
A propos du Nord, la suite du contact avec bb (Alice) s’avère contrastée. Sa haine envers Heïm est telle qu’elle juge mes propres critiques (notamment dans les pages clandestines mises en ligne sur un blog à accès restreint) bien minorées.
Vrai que ce qu’elle me rapporte sur le personnage confine à l’horreur : l’abus systématique de ses enfants de sang ou rapportés. Ainsi Hubert qui aurait été, enfant, abusé par lui. Karl, lui aussi, aurait eu à connaître des abus sexuels de Heïm, tout comme Béatrice, fille de Mad, et Alice elle-même. Seule inconnue pour elle : Hermione a-t-elle aussi connu un viol de son père ?
L’affaire, colporté par Heïm, du prétendu viol d’Alice par son frère Hubert est une pure manifestation du soudard : il a lui-même demandé à son fils, après une soirée arrosée, d’aller coucher avec sa sœur, ce qui s’est résumé à un tendre endormissement dans les bras de sa sœurette.
Bien sordide tableau dépeint qui renforce ma conviction d’une manipulation systématique par Heïm pour l’assujettissement conditionné de ses proches. Tout comme cet état physique, annoncé depuis si longtemps en phase terminale, notamment en 1991 ce qui m’a incité, après une forte influence rhétorique, à accepter de prendre la tête, pour la façade légale, de la SERU. Dix-sept ans plus tard, le mourant est toujours vivant !
Vrai aussi qu’un Mitterrand a tenu presque quinze ans avec un cancer aux effets normalement foudroyants. Part du réel et de l’amplifié chez Heïm… sujet à creuser.
Alice n’a, en tout cas, pas de mot assez violent, incendiaire pour caractériser les agissements criminels de son géniteur.


Vendredi 7 mars, 23h30
Suivi contrasté avec Alice qui ne manque pas, à chaque occasion, d’exprimer sa haine et son dégoût de son géniteur, le « miasmique » Heïm. Fascinante et interloquante rupture qui l’a fait me soupçonner de n’être pas encore maître de ma plume et de mes penchants pamphlétaires. Comme si le feu inspirateur opérait encore clandestinement, à mon insu même, en moulant ma forme d’expression excluante. Ces attaques larvaires, revendiquées ironiques, attisent ma grogne tout affective soit-elle.


Mardi 22 avril
Moi, simple adolescent en 1984, j’en savais bien plus que nombre des Mitterrandiens… Cela laisse songeur sur la pratique de l’autruche pour préserver la pureté ressentie de celui qu’on adule.
Finalement, n’ai-je pas procédé de la même façon à l’égard de Heïm ? N’aurais-je pu écouter plus tôt le discours alarmiste de mes parents ? Chacun refuse, à un instant donné, ce qu’il perçoit comme des sources infréquentables…


Dimanche 11 mai
23h40. Sans doute une prise de distance avec Alice, suite à son souhait de m’appeler longuement pour m’expliquer diverses choses, me faire partager sa vision impitoyable de Heïm. Elle n’apparaît pas connectée sur Msn ce soir, peut-être même m’a-t-elle éliminé de ses contacts. Si tel était le cas, je ne relancerai pas. Lassitude de tout cela. Qu’elle continue à être persuadée que je ne suis pas encore en phase avec moi-même, que je reste embourbé dans mes enfers passés…
Ne pas avoir sa radicalité sur ce « vieux fou à enfermer » - selon son souhait lancinant – m’empêcherait toute lucidité ? Et bien j’assume et persiste.


Lundi 12 mai
Alice incendie, à juste raison, la pédophile existence de Heïm, prompt à assouvir ses appétits sexuels sans prise en compte de la réelle liberté de conscience des progénitures engendrées ou recueillies. Pitoyable, lamentable échec outre tombe qui se profile pour celui qui encensait la parole de ses enfants contre les mamans alors en ligne de mire. C’est bien par la parole et les écrits de ses ex ouailles, enfin libérés du joug psychologique, physique et financier, que viendra la fustigation définitive du personnage.
Par petits coups de scalpel, le charisme cultivé laisse transparaître les perversions occultées par une dérision conditionnante.


Lundi 19 mai

Éloignement d'avec Alice qui, une nouvelle fois, s'est fendue d'un absurde commentaire sur mon article Mener, Guerroyer, Mourir dans lequel elle n'a rien perçu de l'allusif qui lui donne raison.

Mercredi 21 mai

Le relationnel avec Alice s’est dégradé davantage. (…) L’insulte suprême pour elle : « le Heïm nouveau est arrivé, berk !!! », n’ayant rien perçu des allusions sévères contre Heïm qui conclut mon article sur Mitterrand.
Qu’elle argumente sur les propos de mon article, et je participerais volontiers au débat créé (comme je le fais avec mes plus virulents opposants sur AgoraVox), mais qu’elle cesse de s’ingérer dans mes choix existentiels et de s’ingénier à m’éclairer sur ce qu’est un VRAI écrivain.

Vendredi 23 mai

Quel paradoxe : Alice a critiqué mes invectives littéraires et, en l’espèce, mon hommage à Mitterrand, justement dans l’écrit qui attaquait implicitement, mais férocement, le géniteur qu’elle exècre tant. Pas de perception des initiales utilisées dans le titre et le rappel par les trois verbes finaux. Rien compris de mon allusion à la Picardie comme autre « plat pays » qui accueille le vieux monsieur. Aucune envie de lui dévoiler la lecture bien plus personnelle de cet écrit au thème public.

Mardi 27 mai 

Autre nouvelle : maman a rencontré Alice hier pour un repas édifiant en révélations. Pas de détails dans son mail, mais la confirmation de l’horreur, du sordide, de la manipulation. Ce jour, par le biais de Facebook, Alice m’a demandé d’être son ami. J’ai accepté, mais je ne l’ai pas enregistrée sur Msn.

Mercredi 25 juin
Stupeur en consultant le contenu des derniers commentaires sur AgoraVox concernant mon article Unis dans la malignité : Alice s’acharne, dans un pavé haineux, contre le portrait que j’ai donné de moi.


Lundi 30 juin
Le courriel de maman à Alice, après lecture de notre échange incendiaire sur AgoraVox, m’a rassuré quant à la légitimité tant de ma réaction que des arguments avancés.



Mardi 8 juillet

Les atrocités de Heïm se sont cumulées au fil des ans, au point que nous évoquions l’hypothèse d’un cadavre laissé au Limeray avec la disparition d’une certaine Suzie D. Fantasme ou sinistre vérité cachée ? Me reviennent certaines déclarations de Heïm, lors de soirées avinées, faisant allusion à un possible acte meurtrier comme l’initiatique capacité à aller au bout du rapport à l’être humain. 

Mercredi 9 juillet 

« L’homme qui forniquait les enfants » : voilà ce qui pourrait résumer la facette criminelle de Heïm. Que je ne renie pas mon passé ne m’interdit pas l’écoute de témoignages dont on ne voit pas l’intérêt du caractère mensonger, puisqu’ils s’abstiennent de toute stratégie judiciaire.
Il me faudra répondre ici, pour la trace nécessaire, au dernier courriel d’Alice. Avant cela, la part d’enfer vécue par l’entourage juvénile de Heïm se doit d’être consignée pour développements ultérieurs.
Béatrice, la plus âgée des enfants, très vite objet sexuel du pédocriminel enclin à assouvir ses fantasmes scatologiques avec elle. Réduite à l'état de boniche du château d'O, elle n'a pu bénéficier d'aucune scolarité et n'a pu espérer, une fois virée du vas clos, qu'un boulot de ménages pour survivre, vaille que vaille, encore terrorisée, à plus de quarante ans, par ce passé entre esclavage sexuel et domestique. Sa mère s'est rapprochée d'elle, hantée par la faute majeure d'avoir laissé sa fille en pâture à cet ogre de chairs fraîches.
Alice, la fille aînée de Heïm, baisée contre sa volonté – ce qui la fera passer, dans un message lancinant du violeur, comme une jeune fille frigide ! Elle a aussi été dissuadée, sous couvert d'un choix apparent laissé, de se lancer dans des études de droit. Son niveau d'expression écrite, évalué des années plus tard à celui d'un enfant de quatrième, pèsera le reste de son existence comme un douloureux handicap. Certes, elle aurait pu tenter de résister à la pression de son géniteur, voyant Hubert et moi entreprendre ces études, mais le contexte ne lui a pas permis cet affranchissement. Reconnaître son incontestable souffrance, ce n'est pas accepter d'elle toutes les critiques.
Que Heïm ait monté ses proches les uns contre les autres me semble aujourd’hui une évidence. La plus scabreuse illustration en est la tentative de "tenir" son futur magistrat de fils en le convainquant, un soir de plus d’alcoolisation totale, d’aller fourrer sa grande sœur. Hubert n’exaucera pas le vœu pernicieux de son salaud de père, s’effondrant dans les bras accueillants de la soeurette. L’échec du projet n’empêchera pas Heïm de déclarer à maintes reprises, notamment après le départ fracassant d’Alice, que le nouvellement nommé substitut du procureur a commis l’irréparable, le « viol de sa sœur ». Venant de celui qui n’a quasiment laissé aucun de ses enfants de sang ou confiés indemnes, cela pourrait apparaître comme cocasse si le sujet ne rendait la chose ignoble et l’individu sinistre. 
L'enfant Hubert a lui aussi subi le pire du crado sexuel à Pontlevoy, obligé de participer aux ébats entre sa mère (aujourd'hui artiste-peintre aux Etats-Unis) et l'initiateur Heïm qui poussera le vice jusqu'à faire du déjà illicite trio un quatuor zoophile avec le chien ! L'abbaye de Pontlevoy servant de cadre aux déviances dégénérées : le tableau écœure...
Karl, dont je n’ai plus de nouvelle, aurait lui aussi été fourni par sa mère à la sexualité gargantuesque de Heïm. Jamais il ne s’est confié à moi, comme jamais je ne me suis épanché à lui sur ce sujet.
Pourquoi serait affabulation pour les autres ce qui, pour moi, est une vérité : non point que Heïm m’ait violé au sens strict du mot, mais une fellation réciproque couronna, alors que je n’avais pas encore douze ans, une particulière initiation au sexe avec visionnage préalable de petites séquences filmées avec quelques-unes de celles que je dénommais, par le cœur, mes "mamans". Comme dirait Ardisson, « sucer est-ce tromper ? » et se faire sucer par un préado est-ce violer ? Voilà qui est inscrit, à trente-huit ans, rompant la chape de plomb que Heïm avait évidemment réclamé sur ce sujet… Dix ans tout juste après la prescription de ses crimes.

Vendredi 11 juillet

Revenir un peu, avant le départ avec ma BB, aux terribles conséquences engendrées par les impardonnables exigences et pernicieuses suggestions de Heïm.
L’infect exploit du vieux est d’avoir obtenu la séparation de fait entre ceux qui l’entouraient, chacun ayant un type de ressentiment à son égard inconciliable avec ceux des autres. Mes brèves retrouvailles avec Hermione, puis Alice, interrompues à la première bisbille venue, le démontrent avec force. A chaque fois, une approche de la vie et des jugements incompatibles. L’affectif amplifie l’outrance : inexorable point de rupture. Ainsi, chacun dans son coin, Heïm peut finir tranquillement son existence, sans menace judiciaire qui le ravalerait à la minable série des criminels sexuels.
Alors à moi, sans concession, de rapporter, de témoigner sur ce qui peut éclairer la vérité d’être de Heïm, sans nier ses apports, ses talents, mais à des univers des panégyriques à la Franck Roc, un de ceux qui ont laissé leur enfant en gage charnel de leur allégeance. 

Dimanche 13 juillet

La (re)découverte du Journal de Léon Bloy et de sa première étape, Le mendiant ingrat, me laisse un sentiment ambivalent à rapprocher de celui que j'ai à l'égard de Heïm qui me la fait connaître.
Heïm le maudit a su jouer des circonstances, monter les uns contre les autres, faire régner une terreur sourde pour mieux contrôler son petit monde et assouvir ses appétits charnels. Je ne nie rien des apports intellectuels, d’un sens de la dérision, d’une plume sans pareille… mais je m’affranchis de tout refoulement, de toute dissimulation, de tout silence en forme d’oubli.
Merveilleuse, l’enfance châtelaine ? Le cadre oui. Pour le reste, les contrastes s’imposent. Pour une promenade partagée avec les enfants sur les chemins alentour on peut soustraire une dizaine de repas d’engueulades dans la salle à manger du château d’O. Les interminables monologues de Heïm, selon la conjoncture mesnique, se concentraient contre l’unique mis au pilori – les autres obligés d’écouter le flot ordurier, assassin – ou balayaient la tablée réglant leur compte aux présents, mais aussi, plus férocement encore, aux absents.
Pour Heïm, point de Journal tenu : que pourrait-il aborder sans révéler l’extrême falsification de son rapport à l’autre, tout entier dévolu à l’exploitation qui peut en être tirée.
Qu’aurait provoqué mon refus, en 1991, de prendre la responsabilité juridique de la SERU et du reste ? Une mise à l’écart certaine et toutes les humiliations attenantes. Connaissant mon peu d’enclin pour le modèle social classique, il me "tenait" immanquablement.
Je ne souhaite pas un instant atténuer ma responsabilité, mais je ne veux pas occulter l’amont de ma décision et ses révélatrices coulisses.
Qu’il puisse me croire encore aujourd'hui un tantinet bienveillant à son égard me ravit : enfin il a droit a sa dose de double langage et de manipulation. Si j’apprends que la Camarde est sur le point de le faucher, je lui révélerai les parts manquantes, pour que le choc le désarçonne…

Lundi 14 juillet

Quiétude dans ces moments pour mieux fouiller le passé. Une relecture de mon témoignage du Journal, notamment des années 91-95, laisse apparaître un naïf, mais sincère, engagement pour mener au mieux les activités et une pressurisation déséquilibrante des finances pour subvenir aux besoins de la vie châtelaine sur l’impulsion implacable de Heïm. Cette activité a permis de payer cash la moitié du château d’Au : principal bénéfice de la dévotion de proches encore confiants dans les plans du directeur des collections. A nous les ennuis juridiques, à lui la garde sacrée du stock et de l’idée. Chez les autres, les irrégularités devenaient des crapuleries malhonnêtes ; chez lui cela s’érigeait comme légitime combat contre l’Etat républicain prévaricateur. Vieux comme le vice humain : orienter la conscience des ouailles pour ennoblir et justifier le pire.
Cette descente en règle du système heïmien, ruminée depuis une dizaine d’années (le fait déclencheur conscient en a été la trahison de sa parole dans l’optique mirifique de fiançailles programmées avec Sandre : là le visage exploiteur, centré sur son seul bien être quitte à désespérer ceux qu’il avait encensés, m’est pleinement apparu) n’empêchera pas ma réponse affective au dernier courriel d’Alice. 

Mardi 15 juillet
En en sachant un peu plus sur les crades coulisses des années 80 et 90, j’admets que mon Journal pamphlétaire ressemble à un Journal à œillères, non point parce que je ne voulais pas savoir, mais parce que je n’avais aucun moyen de savoir, sauf à prendre au pied de la lettre ce que Heïm présentait comme de l’outrance humoristique.
La meilleure preuve de la sincérité de mon engagement en sont les multiples mots d’encouragement et dessins affectueux d’Alice qui jalonnent les premiers manuscrits du Journal. Jamais, au cours de ces années, et nous étions tous les deux majeurs et aptes à raisonner, Alice n’a laissé perler la moindre réserve tant pour le style que pour les propos. Et elle était la seule à qui je passais à lire si souvent les pages de ce témoignage d’une gestion cahoteuse. Il faut croire que ses œillères étaient au moins aussi déployées que les miennes.
Même si, aujourd’hui, elle juge trop timorées les passages contre Heïm de mon Journal à taire, elle ne peut nier la profondeur de mes divergences avec ce personnage.
Ma limite, c’est la négation de tout ce que j’ai été, fait et apprécié. Devrait-on brûler tous les ouvrages de Maupassant, Gide et Céline parce qu’ils ont été respectivement malade sexuel, pédophile et antisémite ? Depuis quand le critère du goût artistique doit-il passer par le crible de l’exemplarité des artistes ? Quel triste et insipide univers culturel ce serait…
Alors voilà : prêt à nourrir ces pages des témoignages extérieurs, sans retenue, mais pas à tirer un trait sur ce que j’ai été et ce que j’ai écrit, quitte à déclencher ironies et moqueries des médiocres qui, eux, n’ont rien produit d’autre que leurs piques à très courte portée. Qu’il s’acharnent, qu’ils poursuivent, qu’ils s’essoufflent, c’est pour moi la garantie que je suis dans le juste.

Mardi 22 juillet
Régal, hier soir, à la Table d’Oste (ou table d’hôte) : une planche des principaux mets gascons avec une bouteille de rouge régional. Une partie de la conversation sur le nouvel éloignement d’avec Alice : ma BB me conseille de la rappeler et de l’écouter. Soit. La démarche affective pourrait dépasser le contentieux existentiel. Je n’ai d’ailleurs jamais remis en cause son terrible témoignage. Je n’éprouve pas cette haine absolue de Heïm, mais ne réprouve pas qu’elle la ressente. Voilà le point d’achoppement : qu’elle admette un ressenti autre. Pas très en mots, ce matin.


Dimanche 27 juillet

Je fais découvrir à pôpa le contenu de la polémique entre Alice et moi : au-delà de la violence de l’échange, il ressent toute l’affection qui nous relie. Il a raison, mais notre approche du monde et la gestion du passé parasitent le lien.
A propos de Heïm, il me confie les doutes qu’il a eus, à l’époque de la JFPF, sur la réalité d’un alitement maladif de son créateur au moment même où il demandait à ses collaborateurs un engagement physique contre des adversaires désignés. Ce serait le comble qu’en plus du manipulateur, de l’exploiteur et de l’abuseur sexuel se greffe un pleutre aux éclats de matamore. J’ai encore du mal à le croire, mais le doute émerge.
Il faudrait avoir le témoignage des plus proches qui ont croisé sa trajectoire multi facettes au cours du demi siècle pour espérer tracer une réalité de la part immergée du personnage.
J’avance dans la lecture du Mendiant ingrat de Bloy et je découvre les emprunts de Heïm à cet auteur. Par exemple le projet d’ouvrage qui devait se titrer Heïm ?... Connais pas ! est calquée sur l’exclamation d’Alphonse Daudet lorsqu’on lui parle de Bloy, et que celui-ci rapporte le 8 avril 1895. D’autres rapprochements m’attendent.
Sur le fond, la volonté de pèlerin de l’Absolu de se faire haïr par le maximum de gens tranche avec la première partie de la vie de Heïm, à l’affût de toutes les adorations possibles, mais semble devenir, de fait, sa condition finale par les abus de ce consommateur de pâte humaine…


Lundi 28 juillet
Petit travail littéraire de ces deux derniers soirs : donner un titre à chaque année de mon Journal mise en ligne afin de l’identifier autour d’une image forte.
La Renaissance à œillères vise 1995 et mes multiples complicités littéraires (notamment avec Chapsal et Kelen) sans prendre conscience du cas Heïm et de ses intolérables manipulations qui se poursuivent dans l’impunité.
Sur les Cendres, au sortir du gâchis engendré, n’empêche pas la rencontre épistolaire avec celle que je surnomme Sandre dès 1996. La correspondance et le lien se poursuivront en 1997, d’où le choix de Persistance duale, et ce malgré les ordurières attaques verbales, toujours revendiquées comme affectives, de Heïm et de ses sbires féminines contre celle avec qui je devais me fiancer.


Vendredi 15 août, 23h30
Nuit dernière, sale dérive des songes : inversion totale de ma situation tout en ayant conscience que cela ne correspondait en rien à mon enclin naturel. Me voilà durablement présent au château, juste à cette époque d’anniversaire quasiment oublié de mon conscient, et me demandant quand je pourrais m’éclipser quelques jours et sous quel prétexte. Un malaise profond dans ma situation cauchemardée qui me rappelait celui des années 96 et 97 lorsque j’ai commencé à mal supporter cette ambiance de vie. A fuir dès que l’occasion se présentait, se presser dans les pièces communes pour éviter les autres résidents, espérer le plateau-repas dans sa piaule châtelaine pour se dispenser des interminables et nauséeux repas alcoolisés où Heïm rabâchait jusqu’à l’inaudible.


Samedi 16 août

Ma thèse, pour le commentaire anonyme d’hier : un missi dominici d’Alice. La formule « il est mille fois meilleur que son style » signe son attaque affective.
Quand saisira-t-elle que j’écris au fil de la plume, quasiment d’instinct, et que si ça ne vient pas, je délaisse la plume attendant un moment plus inspiré. Que cela respire l’artificiel, pourquoi pas ; son intervention s’apparente elle à de l’acharnement.
Vaine visée, elle n’obtiendra pas l’once d’une concession sur ce plan. Et même si, un jour, mes charges contre Heïm rejoignent ses vues, ce sera avec le même goût des mots, de la formule, du rythme incendiaire.

Dimanche 14 décembre, 22h12
Rien dit à BB de l’appel, vendredi en fin de journée, de Heïm. Auditivement éméché à coups de Bisons il s’est adonné à son refrain de circonstance : mélange d’affection laudative, d’outrances décalées et cherchant à comprendre ma défiance et l’éloignement cultivé. J’ai campé sur ma stratégie : pas d’éclats qui le conforteraient dans ses certitudes, même s’il a bien compris le changement de tonalité dans les dernières années de mon Journal mis en libre accès sur le Net. Il a aussi croisé l’une des dernières attaques contre moi de sa fille Alice qui me traitait de « nouveau Heïm » ! Rien à lui signaler, donc, sauf le minimum affectif pour qu’il s’illusionne encore un peu.
Toujours les mêmes fadaises de sa part : petite lèche sur mon style, mon « talent d’écriture », mais immédiate justification de la non publication de l’époque. Toujours curieuses ces remontées d’une autre ère d’existence… Le garder à portée, sans claquer sa porte avec haine, pour mieux rendre compte de sa fin. De salaud à leurre de salaud…

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